2019-07_Equipe

Le ``GAZ`` sous pression

Ce 23 mai 1999, sous le regard de marbre de Bonaparte en premier consul, drapé d’une toge romaine, joueurs, entraîneur et dirigeants se pressent sur une estrade montée place Foch, à Ajaccio. Les esprits bouillonnent encore et  les gorges n’en finissent plus de crier de bonheur. Les «Diables Rouges» du Gazélec, le club le plus populaire de la ville, sont venus gagner leur place en D2 en banlieue parisienne deuxjours plus tôt, sur le terrain de l’USCréteil (2-0).

Sous les regards d’Éric Cantona et de Cyril Rool, venus supporter Pascal Olmeta, gardien du GFC Ajaccio. «J’ai beau avoir gagné la Coupe d’Europe (avec l’OM, en1993,il était la doublure de Barthez), je dois avouer que l’accession en D2 me comble!» s’exclame le fantasque portier dans un article de France Football de l’époque. «C’est la réussite d’un pari. Je vous avais promis que je vous enverrais en Deuxième Division. Ce soir,je vous dis que je vous conduirai en Première Division», affirme, dans le même article, le président Robert Feliciaggi.

La liesse sera de courte durée. Le Gazélec se voit refuser la montée quelques semaines plus tard, au regard de l’article 131 alinéa3desrèglementsgénérauxdelaFFF,qui interdit «à une ville de moins de 100000 habitants d’avoir plus d’un club en Championnat de FranceprofessionneldeD1ouD2». Le voisin, l’ACA, était déjà présent en D2…

La promesse du président Feliciaggi sera tenue à l’issue de la saison 2014 2015.

Mais lui n’est déjà plus là pour voir ses Gaziers enfin accéder à la Ligue1.Né au Cap, en Afrique du Sud, élevé en République démocratique du Congo (RDC), devenu riche notamment en implantant le Pari mutuel urbain dans ce même pays et dans une demi-douzaine d’autres d’Afrique subsaharienne, celui qui était surnommé «Bob l’Africain» a été abattu, le 10 mars 2006, sur le parking de l’aéroport Campo del l’Oro d’Ajaccio. Proche de l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, maire divers droite de la commune de Pila-Canale,en Corse-du-Sud et conseiller de l’Assemblée de Corse,Robert Feliciaggi a été surpris par un tireur solitaire qui a fait feu dans son dos.

Après dix ans d’investigation, la justice a rendu un non-lieu dans l’assassinat de ce «président généreux donateur». Il aurait investi, à la fin des années 1990, plusieurs millions de francs de sa fortune afin de renflouer les caisses du club et attirer quelques noms ronflants. «C’était un homme généreux, souligne Me Pascal Garbarini, l’avocat du Gazélec. Mais le football lui a coûté beaucoup plus d’argent que ça ne lui en a rapporté. Il avait une image de bienfaiteur.» Un premier assassinat, prémices à d’autres.