
Magouilles au paradis
Milliardaires et mafieux italiens cohabitaient à Cavallo, îlot magnifique devenu zone de non-droit, jusqu’à ce qu’en octobre dernier, les nationalistes au pouvoir décident de s’inviter dans ce huis clos…
En hiver, l’île se repose. Pas de champagne, pas de noceurs, pas de milliardaires. Le ballet incessant des embarcations transportant les touristes, depuis les falaises de Bonifacio jusqu’aux plages de l’archipel des îles Lavezzi, s’interrompt. Le « Fabir III », la navette de l’Hôtel des Pêcheurs, unique établissement de l’endroit, reste à quai.
L’île de Cavallo – « Cavaddu » en Corse –, un des huit îlots de l’archipel, hiberne, bercée par les cris des cormorans huppés et des puffins cendrés, deux espèces protégées de la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, entre Corse et Sardaigne. Les villas luxueuses, cachées derrière les rochers granitiques et ronds, ont fermé leurs volets. La centaine de propriétaires de l’île, italiens pour la plupart, ne vient que l’été. Sur ce petit bout de paradis, bordé d’eau turquoise et couvert de maquis odorant, règne, depuis cinquante ans, un parfum de mystère.
Il fut un temps où des vigiles renvoyaient – illégalement– tout visiteur et plaçaient des chaînes dans l’eau pour empêcher les bateaux d’accoster. Où les milliardaires pouvaient plonger au large pour ramasser des amphores et les exhiber dans leur salon…