2014-06_Winner

Un samouraï corse

Winner – 06/2014

Maître Garbarini ne marche pas, il foule le sol et lui donne son empreinte d’énergie. Comme une marque, une signature. En vrai Corse, il ne mâche pas ses mots, vous regarde bien en face. Il a la rondeur joviale d’un visage qui voit tout avant les autres et qui les observe circuler.
Ses fulgurences nous sont énigmatiques, car il adore cacher son jeu. Son physique de boxeur est son parfait masque. Il occulte une sensibilité d’acrobate, une bonté sans fard et la cinglante et prompte intelligence d’un fauve qui sait bondir au meilleur moment pour remporter la partie. S’il a choisi le pénal, c’est que défendre est son mot de passe de vrai guerrier. Pascal est érudit et s’enflamme de mots, de discours, d’engagement, de vision. Il connaît bien les coups tordus, les billards politiques à quatre bandes aussi. Il prête volontiers son attention, la reprend brusquement. Il n’aime pas les lents et les bavards. Homme de parole et de courage, cet avocat n’a peur de rien, jusqu’à risquer sa peau. Un cran pas possible. Il met son talent, son éloquence et son efficacité au service de ceux qui ont besoin de lui. Il retorne l’opinion aux marches du palais, sans jamais retourner sa robe ! C’est qu’il connaît notre rapport à la mort, au temps, à l’être.
Ni anarchiste, ni provoc, Maître Garbarini a cette formidable obstination à espérer. Et l’intuition solitaire. Il sait combien la haine, la trahison sévissent dans l’humain. Les crimes sont toujours les mêmes, comme si l’homme ne pouvait plus supporter le poids de son existence. Pascal Garbarini l’accepte, mais il brûle aussi d’indignation et de colère. Il cogne, il tape, il exulte. Il est rapide, solide, invincible et pugnace. Sa rudesse n’est parfois qu’exigence vis-à-vis de lui-même. La grandeur de l’humanité, c’est de porter ses angoisses. Un peu de stoïcisme ne nuit pas. La liberté suprême, c’est la liberté de l’erreur. Maître Garbarini : un assemblage magnétique de vitalité brute et de délicatesse profonde qui impose avec brio sa différence, être là où il faut quand il ne le faut pas… avec tant de foi, de talent et souvent tant de joie !

Questions à Maître Garbarini

Vous avez toujours voulu être avocat?

– Dès 17 ans. Je me suis dit: »Le droit mêne à tout, donc je me lance… »

Aujourd’hui vous êtes avocat à la Cour -Barreau de Paris 9/01/1991- spécialiste, entre autres des dossiers de nationalistes corses. On pense en particulier à Yvan Colonna.

– Oui, c’est une affaire qui remonte à 1998, lorsque le préfet Claude Erignac à été assassiné à Ajaccio. Colonna a toujours clamé son innocence. J’ai défendu Colonna parce qu’on avait décidé qu’il était coupable avant d’avoir été condamné !

Vous trouvez cela inadmissible?

– Absolument. Pour moi, il est toujours innocent. Il a d’ailleurs eu trois procès. Je le vois régulièrement et je considère qu’il n’a pas été traité de façon équitable. Il vaut mieux 100 coupables en liberté qu’un seul innocent en prison !

Vous plaidez souvent devant la cour d’assises?

– Les dossiers criminels me passionnent, car il faut beaucoup de respect pour les aborder. Il sont souvent très complexes et il faut éviter les erreurs judiciaires qui peuvent détruire toute une vie. « Un voleur n’est un voleur qu’au moment où il vole, sinon il est un homme comme les autres ! » Je pense que personne n’est à l’abri d’un acte criminel.

Vous aimez défendre les femmes?

– J’aime les femmes. Toute ma vie, elles m’ont aidé. D’ailleurs, « mes meilleurs amis sont des femmes. » Peut-être à cause d’un père trop absent.

Quelques noms?

– La liste serait trop longue…

El le droit des affaires?

– Il y a des cas qui m’intéressent beaucoup. D’ailleurs mon expérience des assises m’aide à cet égard. Récemment et sans citer de noms, j’ai été choisi pour assister un dirigeant d’une société marocaine en conflit avec un groupe international basé à Singapour. Ceci, dans le cadre d’un arbitrage international. L’audience a eu lieu pendant 15 jours à Genève en avril 2013. Avec un résultat plus que satisfaisant !